Cher Docteur Jean-Jacques Hosselet,
Vous comprendrez certainement mon étonnement, après un réveil pourtant bien agréable et l’annonce d’une belle journée, lorsque je suis tombé sur votre procès (que nos chers internautes pourrons retrouver ici), certes habillement rédigé mais ô combien incohérent et loin de la réalité (assez surprenant venant de la part d’un Docteur en Médecine).
Ma première question serait (pardonnez moi ma sincérité) : quel est l’objectif de votre publication ? souhaitez vous simplement créer le « buzz » ? Car face à un manque cruel de crédibilité, je n’entrevoi que cette possibilité.
Avant de reprendre votre billet point par point, je tenais également à faire un rapide détour par vos sources qui, mis à part le fait d’être très maigres, semblent exclusivement choisies pour appuyer votre point de vue alarmiste. Je ne me priverai pas de vous rappeler qu’un discours un tant soit peu scientifique doit se baser sur un certain nombre de preuves, ce qui n’est pas le cas du vôtre puisque vous ne faites référence qu’à seulement 4 études et que ce dernier reflète très certainement un point de vue personnel, bien loin de la neutralité.
Vous ne m’en voudrez donc pas si je me permet d’ajouter quelques sources à votre discours.
Pour commencer, après votre première phrase accrocheuse, vous énoncez que la « majorité des jeunes qui utilisent l’e-cigarette n’ont jamais consommé de produits du tabac auparavant » et donc vous insinuez que la cigarette électronique est une porte d’entrée vers le tabagisme.
A cela je vous invite à lire cet article, rédigé par nos soins, que vous pourrez trouver ici. Ce dernier relate une étude récente effectuée par Smoking in England : vous pourrez y trouver un graphe mettant en avant le fait que le pourcentage d’utilisateurs de cigarettes électroniques n’ayant jamais fumé auparavant est négligeable.
Pour ne pas m’arrêter en si bon chemin, je vous renvoie également à une seconde enquête, cette fois-ci réalisée par l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT), que vous trouverez ici (je vous laisse le soin d’ajouter cette source à votre liste d’études « Falsifiées » et « qui génèrent le doute« . Pour ne pas vous mâcher le travail, je vous laisse entrevoir un extrait la conclusion établie par Aurélie Lermenier, Christoffe Pall et Marie-Line Tovar : « Si 9% des expérimentateurs de la cigarette électronique déclarent n’avoir jamais ou presque fumé de tabac, tous les vapoteurs réguliers sont ou ont été fumeurs : la cigarette électronique semble ainsi constituer, du moins pour le moment, plutôt une solution de sortie du tabagisme qu’une « porte d’entrée ».
Personnellement, j’aurai plutôt tendance à prendre en considération une étude comme celle effectuée par l’OFDT et qui se base sur des faits avérées … mais bon, cela n’est que mon humble avis personnel…
Vous énoncez ensuite le fait que « un grand nombre de fumeurs qui l’utilisent pour se sevrer, reviennent rapidement à la cigarette ou consomment les deux simultanément ou alternativement« .
Quelles sont vos sources ? En attendant, je vous invite à vous rendre sur cette page Facebook où des centaines de témoignages y sont relatés.
En voici d’ailleurs un extrait. Vous vous ferez votre point de vue par vous même (encore une fois, je ne veux pas avoir le plaisir de vous mâcher le travail).:
« il parfait difficile de se sevrer du tabagisme tout en conservant une consommation nicotinique et une gestuelle similaire sachant que la dépendance au tabagisme est autant psycho-comportementale que nicotinique » : il « parait difficile » ? En apparence, peut être pour vous ! Il ne semble pas que cela le soit pour les milliers/millions de vapoteurs Français dont certains témoignages (cf ci-dessus) montrent qu’il est, au contraire, très aisé de se libérer du tabac grâce à la e-cigarette ! Ne pas accepter le fait que la e-cig soit aujourd’hui la meilleure alternative pour arrêter le tabac serait une preuve d’ignorance totale. De nombreux scientifiques, comme le Docteur Bertrand Dautzenberg, partagent déjà ce point de vue depuis un petit moment … vous arrivez donc sans doute un peu tard pour essayer de détruire ce qui sauve aujourd’hui des millions de personnes dans le monde.
« Il est évident que l’industrie du tabac ne va pas se laisser dépouiller sans réagir. Cette industrie mortifère pesant des centaines de milliards d’euros qui réussit depuis des décennies à vendre des goudrons à inhaler qui tuent et rend malades ses consommateurs et leurs entourages, possèdent les ressources pour intégrer l’e-cigarette dans leur stratégie et leur propagande. C’est pourquoi, elle a déjà énormément investi dans le rachat et la production d’e-cigarettes afin de maintenir et même développer la consommation des produits du tabac. »
Nous le savons très bien et c’est pour cette raison que divers associations de défense, comme l’AIDUCE ou l’EFVI, se battent aujourd’hui pour défendre notre liberté de vapoter. J’ajouterai même qu’il est inutile de parler au futur puisque l’industrie du tabac a déjà mis en vente certains modèles de soit-disant « cigarettes électroniques ». Je suis donc en accord avec vous sur le fait que le tabac tuent des milliers de personnes chaque année en France. Cependant, je ne vous permet pas de mettre dans le même panier le tabac et la cigarette électronique qui est très loin de provoquer les mêmes misères que le tabac.
« L’industrie des cigarettes électroniques affirme que l’e-cigarette a déjà fait reculer le tabagisme. En réalité, il s’agit d’une diminution en trompe-l’œil [...] »
Qui mentionnez vous en citant « l’industrie des cigarettes électroniques » ? Pourriez vous préciser ? Je n’ai pas le souvenir d’avoir vu, lu ou entendu une affirmation de la sorte. Cependant, ne pas reconnaitre que la cigarette électronique participe à faire reculer le tabagisme (même si il s’agit d’un faible pourcentage) est encore une fois une preuve d’ignorance. En effet, rien qu’en France, on dénombre entre 1 et 2 millions de vapoteurs. En imaginant que 90% d’entre eux étaient des fumeurs réguliers, expliquez moi comment une perte de millions de fumeurs pour les industriels du tabac, rien qu’en France, ne participe pas à ce recul ? Imaginez au niveau mondial !
De plus, vous expliquez que ce recul est en partie due aux « achats dans les pays frontaliers« . Nous parlons bien de « recul du tabagisme » ? En quoi le fait que des personnes se fournissent en cigarette à l’étranger fait reculer le tabagisme ? Je ne pense pas avoir la même définition que vous ! Que ce soit un manque à gagner pour les industriels du tabac est évident, mais ne nous dites pas que cela fait « reculer le tabagisme » puisque ces mêmes personnes continuent à fumer et que ces cigarettes, achetées à l’étranger, sont produites par les mêmes industriels du tabac !
Que la « contrebande » fasse « diminuer les chiffres officiels de la consommation tabagique » est un fait que je vous accorde, mais les autres arguments ne tiennent pas la route !
« Même si l’e-cigarette est beaucoup moins toxique que la cigarette de tabac, elle le reste néanmoins puisqu’elle contient de nombreuses substances chimiques comme le glycérol, le propylène-glycol et la nicotine. Si le glycérol ou le propylène-glycol sont stables à température ambiante, ils sont susceptibles de se transformer en produits toxiques lorsque la température atteint plusieurs centaines de degrés »
Comme le montre votre emploi du mot « susceptibles« , je vous invite encore une fois à appuyer vos arguments par des preuves scientifiques.
Concernant le propylène glycol (PG), par exemple, je vous propose une nouvelle fois un peu de lecture : vous trouverez ici une fiche toxicologique établie par l’Institut Nationale de Recherche et de Sécurité (INRS). Je vous laisse le soin de relever les point importants de cette fiche qui montre bien que le propylène-glycol est « peu toxique en exposition répétée ou prolongée », qu’il « n’est pas mutagène », qu’il « n’agit ni sur la fertilité ni sur le développement » (en ce qui concerne les animaux je vous l’accorde), et qu’il « est peu toxique sur l’Homme ». Vous pourrez y lire les résultats d’une exposition d’un brouillard contenant une concentration forte en PG (« concentration plus élevée que ce qui est constaté en milieu professionnel de façon habituelle ») qui cause une irritation « modérée ». Je vous laisse donc comparer les doses utilisées à celles dont les vapoteurs sont exposés et revisiter votre discours.
De plus, quand vous invoquez une température de chauffe à plusieurs centaines de degrés, pouvez vous préciser la température car la marge est assez grande ! Une fois de plus vous restez relativement distant face aux arguments que vous avancez. Je vous invite à vous renseigner sur les conditions d’usages de la e-cigarette, notamment concernant la température de chauffe.
« Il faut rappeler que la nicotine est un véritable poison. Quelques gouttes suffisent à tuer un cheval. Le jus de tabac est toujours utilisé comme insecticide mais aussi pour tuer les animaux et même les petites filles dans certains pays lorsqu’elles sont considérées comme des bouches inutiles. D’ailleurs, des milliers d’enfants ont déjà été intoxiqués en avalant le contenu de flasques de recharge d’e-cigarettes. »
La nicotine est effectivement dangereuse, mais à une concentration élevée ! Concernant les meurtres que vous énoncez, je n’en ai pas la connaissance et je ne me prononcerai pas sur ce point. Cependant, je vous invite à comparer une chose : connaissez-vous la dose létale en nicotine ? Il est certain que la dose à laquelle les vapoteurs sont exposés est bien inférieure à celle qui est utilisée pour tous les meurtres dont vous faites allusions. En France, le taux maximal en nicotine pour les e-liquides est fixée à 20 mg/ml. De nombreuses études indiquent une zone « danger » aux alentours de 500 à 1000 mg/ml, bien loin de nos 20 mg/ml autorisés en France !!
« Il est certain que l’inhalation de glycérol, de propylène-glycol, de nicotine et de nombreuses autres substances chimiques pendant des années, se révèlera toxique au long cours. Mais il faudra des dizaines d’années pour le démontrer surtout si l’industrie du tabac, comme toujours, payent des médecins et des scientifiques pour générer le doute en falsifiant des études cliniques. »
Voila un argument bien inutile pour essayer d’appuyer votre discours et lui donner de la valeur. Seriez vous donc le chevalier qui viendrait nous libérer de notre ignorance universelle ? Pensez vous avoir, contrairement au reste du monde, une vision clair des choses ? Je vous invite à vous relire à deux fois pour constater que votre discours lui même engagé et falsifié.
« Il a été détecté des substances qui sont cancérigènes comme le formaldéhyde, l’acétaldéhyde, les nitrosamines et même des hydrocarbures polycycliques. Il existe aussi des métaux comme l’aluminium, le zinc et le plomb. »
Enfin un argument que vous appuyez à l’aide d’une source ! De nombreuses autres études sur la vapeur de cigarette électronique montrent que les composés que vous avez cités sont absents ou présents en quantités infimes. Selon vous, il suffit donc que des composés toxiques soient présents (quelque soit la concentration) dans une substance pour que celle-ci soit nocive. Mais cher Docteur, savez vous ce que nous pouvons trouver dans l’air ambiant, dans la nourriture de tous les jours, dans nos produits ménagers, dans l’eau … ? Le travail serait assez long si nous devions établir la liste des composés toxiques auxquels nous sommes tous exposés quotidiennement !
» l’inhalation de ces vapeurs entraine des irritations des muqueuses de la bouche, de la gorge, du nez et des yeux, des sensations de malaises et des maux de têtes, de la nausée et des troubles digestifs. »
Encore une fois, merci de préciser à quelles doses ces symptômes peuvent apparaitre. Il est évident qu’une inhalation continue à la vapeur de cigarette électronique peut provoquer ce genre de désagréments, et cela seulement à cause de la nicotine ! Nous en revenons donc au passage sur cette dernière : une surdose de nicotine est évidemment néfaste pour l’organisme ! Sur ce point la, vous ne nous apprenez rien.
« Il faut espérer que le gouvernement se réveille et décide à prendre les bonnes décisions afin d’assurer la protection des personnes qui pourraient être soumises aux émanations toxiques des cigarettes électroniques dans les lieux publics et au domicile. »
Je finirai sur ce point là et je vous invite encore une fois à un peu de lecture : étude réalisée par Maciej L.Goniewicz et son équipe de l’institut Roswell Park. Je vous laisse le plaisir de la lire ce rapport sur l’exposition passive à la vapeur de cigarette électronique, étude qui conclue à l’innocuité des émanations de e-cigarettes.
Pour conclure, je vous remercie de m’avoir laissé l’opportunité de pouvoir m’exprimer sur tous ces points. J’espère que les lecteurs pourront voir que certaines personnes sont prêtes à tout pour détruire ce qui peut sauver la vie de millions de personnes.
Comme vous pouvez le voir cher Docteur, il n’est pas difficile de trouver des arguments pour appuyer son discours quand l’envie est présente !
Cordialement,
Nico de Kelclop
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