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La vapeur de e-cigarette rendrait certaines bactéries plus résistantes

D’après une nouvelle étude, réalisée par des chercheurs de l’Université de Californie à San Diego et dont les résultats ont été révélés hier, la cigarette électronique « rendrait » le ‘Superbug’ MRSA plus difficile à tuer et réduirait la capacité du système immunitaire à combattre l’infection.

« Hein ? Superbug ? MRSA ? c’est quoi tout ca ? ». Reprenons du début…

 

Le MRSA c’est quoi ?

Sur notre corps et dans l’environnement, on peut trouver de nombreuses souches microbiennes dont une se nomme Staphylococcus aureus (S. aureus) (staphylocoque doré).

Ce S. aureus est très présent : on le trouve généralement dans les parties humides de notre corps, à savoir le nez, les aisselles et même parfois sur les mains… Dans la majorité des cas, il ne provoque aucun problème même si, comme tout microbe, il peut causer des infections.

Le MRSA (ou Staphylocoque doré résistant à la méticilline) est tout simplement un S.aureus qui est devenu résistant à la méticilline (qui est un antibiotique). Ce MRSA étant résistant à la méticilline, le choix dont on dispose pour le traitement est réduit mais on peut encore le traiter avec bien d’autres antibiotiques.

Staphylocoque doré, E.coli etc… des bactéries dont vous avez surement entendu parlé au moins une fois dans votre vie et dont la récente terminologie regroupe ces termes scientifiques : les superbugs. Un mot qui fait allusion au fait que ces microorganismes ont développé une résistance  à un produit généralement utilisé contre eux, en l’occurrence ici, les antibiotiques.

 

Maintenant vous savez tous, revenons à notre étude …

Les résultats ont été dévoilés Dimanche, à la conférence internationale de ‘l’American Thoracic Society’ à San Diego. C’est le Docteur Laura E. Crotty Alexander, exerçant au VA San Diego Healthcare System, qui a dirigé l’étude .

Le MRSA représente un problème majeur de santé publique, notamment dans les hôpitaux. Comme je vous l’ai dit, la bactérie résiste à de nombreux antibiotiques. Si le SARM pénètre dans la circulation sanguine ou dans le corps, notamment pendant une chirurgie, l’infection peut être mortelle.

Les expériences ont été menées pour déterminer l’effet de la vapeur de e-cigarette sur le MRSA, et notamment sur cinq facteurs contribuants à la virulence de ce dernier : taux de croissance , sensibilité aux espèces réactives de l’oxygène (ROS), charge de surface, hydrophobie et formation de biofilm. Concernant ces facteurs, il semblerait donc, d’après l’étude, que la vapeur de e-cigarette conduit à des altérations de la charge de surface et de la formation de biofilm, ce qui confère au MRSA une plus grande résistance à la destruction par les cellules humaines et les antibiotiques.

 

Biofilm-Saureus

 

Crotty Alexander a déclaré que l’une des contributions possibles à l’augmentation de la virulence du MRSA est le rapide changement de pH induit par la vapeur des e-cigarettes. En effet, ce dernier est passé de 7,4 à 8,4, ce qui rend l’environnement trop basique pour les cellules bactériennes et mammifères. Cette alcalose stresse les cellules, ce qui conduit à l’activation de mécanismes de défense. Les bactéries font ensuite en sorte que leur surface soit chargée plus positivement, pour éviter une liaison par les peptides anti-microbiens produits par les cellules immunitaires et qui sont mortels. Les bactéries forment également des biofilms plus épais, ce qui augmente leur rigidité et rend les MRSA moins vulnérables aux attaques.

Ces changements rendent donc MRSA plus virulente.

Toutefois, et cela prouve une nouvelle fois que la e-cigarette est sensiblement moins nocive que le tabac ; lorsque le MRSA est exposé à la fumée de cigarette normale, la virulence est encore plus grande ! La fumée de tabac rend la charge de surface 10 fois supérieure à celle de l’exposition à la e-cigarette, modifie l’hydrophobie et diminue la sensibilité aux espèces ROS et aux peptides anti-microbiens. Dans un modèle de souris atteint de pneumonie, les MRSA exposés à la vapeur de e-cig avaient une survie quatre fois plus grande dans les poumons, et tuaient 30 % de souris de plus que chez les souris contrôle (donc souris MRSA mais non exposées).

 

Au vue de ces résultats, doit-on s’inquiéter ?

La première chose à ce dire est que la cigarette électronique est réellement moins nocive que le tabac : cet argument devrait déjà convaincre les fumeurs les plus sceptiques.

Comme le souligne le Docteur Michael Siegel de l’Université de Boston (qui ne participe pas à l’étude) en réponse à cette publication :

Ce qui se passe en culture cellulaire n’est pas toujours adapté à la situation clinique. Vous ne pouvez pas comparer ce que l’on appelle une étude in vitro et ce qui arriverait à un véritable être humain.

Le Docteur Siegel a également ajouté que cette étude

… devait être interprétée comme une preuve suggérant un effet possible qui doit être confirmés (ou non) par des études humaines. La conclusion, qui met en évidence que les utilisateurs de e-cigarette sont plus vulnérables à une infection, est trop hâtive

Il est évident, étant scientifique de formation, que je ne peux qu’aller dans le sens des propos du Docteur Siegel. Les études énoncées ici ont été effectuées sur des cellules humaines en culture et sur des souris.

Le souris restent un bon modèle mais il faut savoir que ce qui est valable chez les rongeurs, ne l’est pas forcément chez l’Homme. Dans le cas contraire, il existerait bien plus de remèdes contre les maladies et les études cliniques sur l’Homme ne prendraient pas autant de temps !

Dans l’exemple cité ici, nous pouvons également nous demander quelles sont les doses d’expositions qui ont été utilisées sur les souris. Le plus important reste de savoir qu’il est extrêmement difficile de connaitre la dose d’exposition chez la souris qui serait représentative de celle dont les vapoteurs sont exposés régulièrement ! Imaginez une souris consommer la même quantité de e-liquide que vous vapez actuellement : il est certain que son organisme ne réagira pas de la même manière que le vôtre !

En ce qui concerne la culture cellulaire, cette technique présente de nombreux avantages mais également des inconvénients. Il faut souligner que l’environnement dans lequel se trouve les cellules n’est pas similaire à 100% de l’environnement in vivo dans lesquelles elles se trouvent habituellement. Enormément de facteurs (comme la température, le pH, le milieu de nutrition etc…) jouent et ces facteurs sont difficiles à reproduire in vitro.

Quoi qu’il en soit, attendons plus de résultats avant de tirer des conclusions hâtives. Il faudrait également que ces expériences soient réalisées sur d’autres bactéries afin de savoir si ces observations sont généralisables ou non.

Source : pour voir en détails les méthodes et les résultats de cette étude, cliquez ici.

Nico de Kelclop

 

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